Le guide du séder de Pessa’h 5782/2022 par le Rabbin Joseph Ohayon
Guide du Séder de PESSA’H 5782/2022
par le Rabbin Joseph Ohayon
En cette année 5782, je me permets de vous souhaiter de passer une merveilleuse fête de Pessa’h.
Cette année, nous pouvons de nouveau nous réunir et célébrer ensemble nos fêtes et partager des moments de convivialité.
Je tiens à vous communiquer, par ce guide, quelques prescriptions et commentaires sur cette soirée très particulière.
Il est important de préciser que cette nuit de Pessa’h est fondamentale dans le calendrier hébraïque.
Comme la Thora l’affirme, « cette nuit est une nuit prédestinée ». En effet, c’est pendant cette nuit du 15 Nissan que le peuple d’Israël a été libéré d’Egypte. Nos sages expliquent que c’est une nuit de protection où le Prophète Eliahou est présent (c’est pour cela que l’on réserve un verre en l’honneur de Eliahou)
Cette nuit est particulière, car c’est une nuit où l’on va accomplir beaucoup de Mitsvots.
En effet, pendant cette soirée, on va boire 4 coupes de vin, manger à 3 reprises 30 grammes de Matsa, 2 fois des herbes amères et raconter le récit de la sortie d’Egypte.
Il faut aussi ajouter un élément important. Lorsque l’on lit les textes thoraïques se rapportant à Pessa’h, on peut préciser que la Mitsva essentielle de cette nuit de Pessa’h est le Korban Pessa’h, le sacrifice pascal. A l’époque du Temple c’était la Mitsva de Pessa’h. Tout le Seder tournait autour du sacrifice pascal.
Malheureusement, nous n’avons plus de Temple. Par conséquent, on ne peut plus offrir l’agneau pascal. Car les sacrifices pouvaient être réalisés uniquement au sein du Temple. Aujourd’hui, lors du séder on ne peut pas griller un agneau comme cela se faisait au Temple afin de ne pas rappeler l’agneau pascal.
Ainsi, selon nos sages, aujourd’hui, l’injonction prépondérante de cette nuit pascale est la Mitsva du récit de la sortie d’Egypte. Il ne faut pas se contenter uniquement de lire et traduire le texte de la Haggada. Il faut aussi poser des questions, débattre et s’imprégner de cette nuit extraordinaire. Selon beaucoup de décisionnaires, c’est dans ce cadre que l’on accomplit la prescription du récit de la sortie d’Egypte.
Les commandements culinaires, tels que la consommation de la Matsa à trois reprises et celle du Maror, sont aussi essentielles car ce sont des injonctions thoraïques.
Alors, cette année sera vraiment spéciale et différente, מה נשתנה. Mais on fera tous un effort pour réaliser un merveilleux Séder.
Que l’Eternel nous envoie la délivrance totale et que la phrase de clôture לשנה הבאה בירושלים , « l’an prochain à Jérusalem » prenne tout son sens, amen.
Voici les ingrédients qui composent le plateau du Seder.
-Un œuf dur rappelant la destruction du temple et les sacrifices de la fête de Pessah.
-Un os, Zéroarappelant la main étendue de l’Eternel, ainsi que l’agneau pascal. Si on pose sur le plateau un os de l’épaule d’agneau, il devra être bouilli et non grillé. Au moment où on mentionne Pessah, on ne montrera pas l’os, contrairement à la Matsa ou le Maror.
–3 Matsots(pain azyme) : ces matsots (prendre de préférence des Matsots chémourot fabriquées à la main) rappellent à la fois l’esclavage en Egypte et la sortie d’Egypte.
–Harosset : mélange de dattes, pommes, raisins secs, noix, vin etc. rappelant le mortier pour construire les briques.
–Maror: Herbes amères : ceci rappelle l’amertume de l’esclavage. Selon les coutumes, on utilise soit de la laitue, endive ou raifort. Eviter cependant de prendre de la laitue, car il est difficile d’enlever les bestioles qui s’y cachent.
–Carpas : On prend en général du céleri. Hors d’œuvre spécial que l’on goûte au début du repas pour bien préciser que cette nuit est spéciale.
–Eau salée
Les 14 étapes du Seder :
Le Séder de Pessa’h suit un ordre bien précis. Il convient de le suivre scrupuleusement. Pour ce repas, il est nécessaire de se munir d’une Haggada
–n°1 Kadesh: On procède au Kidouche de Pessa’h. Chaque membre de l’assemblée remplit un verre de vin ou de jus de raisin. On écoute le Kidouche du maître de cérémonie puis chacun boit la coupe de vin en entier ou la majorité en étant accoudé du côté gauche en signe de liberté.
–n°2 Ourhats: On procède à l’ablution des mains sans prononcer de bénédiction
–n°3 Karpass: On prend un morceau de céleri (moins de 30 grammes) que l’on trempe dans de l’eau salée. Puis on prononce la bénédiction « boré péri aadama » avant de le manger.
–n°4 Yahats: Le chef de cérémonie prend les 3 Matsots, coupe en deux la matsa du milieu. Il remet la petite moitié entre les deux autres. La grande moitié, appelée Afikoman, est cachée sous la nappe. Puis on remet les Matsots sur le plateau du Séder.
On a l’habitude de faire tourner le plateau sur la tête des convives en chantant un piyout.
–n°5 Maguid : Tous ensemble ou chaque personne lit et traduit la Haggada. C’est l’occasion d’expliquer, de poser des questions, de débattre sur Pessah.
A la fin de la Haggada, on boit la deuxième coupe de vin accoudé sur le côté gauche, sans faire la bénédiction sur le vin pour les sépharadims et en la prononçant pour les ashkénazims.
–n°6 : Rohtsa: On procède à l’ablution des mains avec la bénédiction sur les mains.
–n°7 Motsi-Matsa : Le chef de cérémonie prend la matsa supérieure et la demi Matsa du milieu puis prononce deux bénédictions. Une première bénédiction « hamotsi léhem mine aarets » puis « acher kidéchanou bémitsvotav vétsivanou al akhilat matsa » et il distribue à chaque convive un morceau des 2 Matsots. On mange 30 grammes de Matsa en moins de 4 minutes et accoudé.
–n°8 Maror: Le chef de cérémonie distribue un morceau de Maror d’au moins 30 grammes trempé dans la Harosset et on prononce la bénédiction « acherkidéchanou bémitsvotav vétsivanou al akhilat maror ». On mange sans être accoudé.
–n°9 Korekh: On fait un sandwich à partir de la Matsa inférieure, de Maror que l’on trempe dans la Harosset.
–n°10 Choulkhan Orekh : Le repas est servi.
–n°11 Tsafoun: Le chef de cérémonie prend la matsa cachée sous la nappe et distribue un morceau à chacun. On en mange 30 grammes accoudé. Après l’Afikoman, on ne consomme plus rien hormis les deux coupes de vins restantes.
–n°12 Barekh: On récite le Birkat Hamazone, actions de grâce. A l’issue du Birkat Hamazone on boit la 3ème coupe de vin accoudé en prononçant auparavant la bénédiction de « Boré Péri Haguefen »
–n°13 : Hallel: On récite les louanges de joie. A l’issue du Hallel on boit la 4ème coupe de vin accoudé sans réciter auparavant la bénédiction de « Boré Péri Haguefen ». On lira après la prière de « Al Haguefen »
–n°14 Nirtsa: On récite des chants d’agrément et l’on se souhaite לשנה הבאה בירושלים « l’an prochain à Jérusalem ». On remplit une coupe de vin appelée la coupe d’Eliahou Hanavi.
Le sens du ‘Hametz :
Nos sages font remarquer que, rien dans la Torah ne ressemble aux prescriptions concernant le ‘Hametz (produits fermentés à partir des céréales) pendant la fête de Pessa’h.
Consommer du ‘Hametz, même en infime quantité, en posséder ou en tirer profit est alors interdit. Pourtant, le reste de l’année, tout cela est parfaitement autorisé, il peut même s’agir dans certains cas d’une mitsva, d’une recommandation positive comme par exemple à chaque repas de Chabbat, nous avons l’obligation de faire la bénédiction sur deux ‘halots, pains, qui sont bien entendu ‘hametz.
Dans notre tradition, le ‘Hametz symbolise la racine de l’inclination au mal, le yetser hara, le mauvais penchant. Le levain fait gonfler la pâte, la remplit d’air, de vide. De même, le mauvais penchant profite des déficiences de l’Homme, du vide qui peut se trouver en lui pour l’amener à pécher.
Pessa’h est le tout début de notre histoire en tant que peuple voué à l’Eternel, il s’agit au sens propre de l’accouchement d’une nation, que nous revivons chaque année. Un accouchement est pratiqué dans un environnement stérile, de même Pessa’h exige la destruction de toutes les influences négatives auxquelles nous sommes confrontés le reste de l’année. Nous avons été libérés de l’esclavage d’Egypte à la condition de devenir « un royaume de prêtre et une nation sainte » et cette mission exige un très haut niveau spirituel. La rigueur des prescriptions relatives au ‘Hametz, l’interdiction d’en consommer, sert à rappeler le combat quotidien qu’il faut mener chaque jour contre le mauvais penchant.
A l’approche de la fête de Pessa’h, permettez-moi de vous souhaiter de très bonnes fêtes de Pessa’h.
C’est l’occasion de se réunir en famille autour de la table pour célébrer ensemble le Seder.
Que l’Eternel fasse que nous puissions toujours être réunis et unis dans la joie. Amen.
Je vous souhaite de passer d’excellentes fêtes de Pessa’h,
Pessa’h Cacher Vessaméa’h !
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