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Loto du patrimoine : la synagogue d’Elbeuf retenue par la mission Bern
La synagogue d’Elbeuf a été retenue ce jeudi 16 mars 2023 pour être la représentante de la région Normandie au Loto du patrimoine, organisée par la mission Bern, chargée du patrimoine national.
La synagogue d’Elbeuf est en très mauvais état, elle va bénéficier des fonds du Loto du patrimoine.
© Radio France – Théophile Pedrola
La synagogue d’Elbeuf est le monument normand retenu par la mission Bern pour le patrimoine. Cet édifice, ouvert en 1909, est abandonné depuis 1995.Depuis il est devenu totalement insalubre, les pigeons y ont élu domicile, leurs fientes jonchent le sol, ce sol en bois qui s’effondre, avec des poutres qui elles sont tombées au sol. "Sans intervention, cela pourrait s’écrouler", confirme Pierre Loue, délégué en Seine-Maritime de la mission Bern pour le patrimoine. Il nous fait la visite de la synagogue et avoue l’urgence de la situation "Il y a d’abord une première tranche de travaux concernant la charpente, il faut mettre ce bâtiment hors d’eau". Une première tranche de travaux chiffrée à 400.000 euros.
"Le loto du patrimoine qui va maintenant s’ouvrir va nous indiquer quelle somme nous sera effectivement allouée", explique Pierre Loue. Les fonds récupérés seront redistribués aux 18 sites, un par région, retenus par la fondation.
"On ne peut pas rester insensible."
Nassim Lévy, le président de l’association des amis de la synagogue d’Elbeuf clame lui sa joie : "je suis ravi" s’exclame-t-il par téléphone. "La première fois que je suis entré ici j’avais la chair de poule, je me suis dit que l’on ne pouvait pas rester insensible." Il évoque un patrimoine très important de la ville d’Elbeuf, et même de la Normandie.
L’objectif désormais est de rénover la synagogue à l’identique et d’en faire un lieu culturel, comme un musée. Les travaux sont chiffrés à 3,2 millions d’euros. La mission Bern n’apportera pas autant d’argent mais va agir comme un accélérateur, avec une lumière médiatique sur le lieu, assure Nassim Lévy. Il espère une réouverture d’ici trois ans.
Elbeuf : La synagogue sélectionnée pour participer au loto du patrimoine
Fantastique nouvelle pour Elbeuf et patrimoine. La synagogue vient d’être sélectionnée par la Mission Stéphane Bern pour participer au prochain loto du patrimoine.
La synagogue va-t-elle bientôt accueillir un musée ? Pour le moment, c’est la charpente qui va être refaite. (©Le Journal d’Elbeuf)
Par Thomas RideauPublié le 16 Mar 23 à 18:01
La Synagogue d’Elbeuf va-t-elle renaître ? Ce joyau un peu oublié du centre-ville d’Elbeuf a été retenu pour participer au loto du patrimoine de la Mission Bern.
« État de péril très avancé »
Elle faisait partie des candidats finalistes mais c’est bien elle qui va représenter la Normandie pour le prochain loto du patrimoine. Loto dans lequel feront également partie 17 autres monuments en péril répartis dans chaque région de France. Une nouvelle fantastique qui doit permettre de transformer ce lieu abandonné depuis 1995 en lieux cultuel et culturel à long terme.
La synagogue est blottie en plein centre-ville d’Elbeuf. (©Le Journal d’Elbeuf)
« Nous sommes sur un édifice en état de péril très avancé […] avec des risques d’écroulement », note Pierre Loue, le délégué régional adjoint de la Normandie de la Fondation du patrimoine. Le spécialiste est véritablement émerveillé par ce bâtiment hors du commun. De par son architecture mais aussi par son histoire. « C’est un édifice qui porte les stigmates de l’Histoire. » Des étoiles jaunes ont en effet été peintes sur le mur du côté de la rue Paul-Fraenckel durant l’Occupation. Un élément qui a beaucoup joué sur le jury quand il a fallu définitivement sélectionner le représentant de la région.
« On lance le sauvetage de l’édifice »
« C’est un endroit fascinant », rajoute Pierre Loue. Avec ce loto, « on enclenche une première phase de travaux. » Il sera d’abord question de mettre le bâtiment hors d’eau et donc de refaire la charpente. Et d’enfin chasser les pigeons dont les fientes recouvrent les sols.
La présence de ces étoiles conservées sur la façade ont fini de convaincre le jury de retenir la synagogue d’Elbeuf. (©Le Journal d’Elbeuf)
C’est 400 000 € qui vont être débloqués par le biais du loto pour cette première tranche de travaux. D’après la Fondation du patrimoine qui veut redonner une vie culturelle et cultuelle au lieu, il va falloir débourser 3,2 millions d’euros.
« Aujourd’hui, on lance le sauvetage de cet édifice », se réjouit le délégué. « Des projets passionnants arrivent ». Le loto aura lieu au mois de septembre.
Publié le 16/03/2023 à 18h02 • Mis à jour le 16/03/2023 à 18h03
Écrit par Céline Brégand
Le coût des travaux de rénovation de la synagogue d’Elbeuf (Seine-Maritime) est estimé à 3,2 millions d’euros.
• © Francis Meslet / Fondation du patrimoine
Témoin de l’implantation de la communauté juive dans cette ville seinomarine et de l’occupation allemande, la synagogue d’Elbeuf a été choisie comme site emblématique de la Normandie pour l’édition 2023 du Loto du patrimoine. Les porteurs de projet souhaitent en faire un lieu culturel symbole de fraternité.
Elle a été sélectionnée aux côtés d’autres édifices religieux, d’un institut de biologie marine, ou encore d’une ancienne sucrerie. La synagogue d’Elbeuf, en Seine-Maritime, fait partie des 18 projets prioritaires – un par région métropolitaine et collectivité d’outre-mer – retenus pour cette sixième édition de la Mission patrimoine et dont la liste a été dévoilée jeudi 16 mars 2023.
"C’est une fierté de voir la reconnaissance de notre patrimoine. Notre but est d’éduquer les futures générations au vivre ensemble, car aujourd’hui, plus que jamais, il ne faut pas que l’on revive les années noires de notre belle France", réagit Nassim Lévy, président du consistoire régional des communautés juives de Normandie et président de l’association culturelle des amis de la synagogue d’Elbeuf, principale porteuse du projet aux côtés de la Ville.
Conserver les traces de l’antisémitisme pour ne pas oublier
Édifiée en 1909, la synagogue d’Elbeuf marque l’installation d’une communauté juive d’industriels alsaciens dans cette ville seinomarine après l’annexion de l’Alsace et la Moselle en 1871. Elle est aussi le témoin d’une période sombre de l’Histoire de France. Pendant l’occupation allemande, elle est ciblée par des actes antisémites dont elle porte encore les stigmates aujourd’hui. Sur la façade arrière du bâtiment, les étoiles jaunes peintes sur le mur à cette période sont toujours visibles.
Les étoiles jaunes peintes pendant l’occupation sont visibles sur l’arrière de la synagogue. Depuis 2014, elles sont protégées
"afin de perpétuer la mémoire du péril mortel du racisme", précise une plaque. • © Solène Anson / France Télévisions
Des stigmates que les porteurs du projet veulent conserver lors de la rénovation du bâtiment qui sera permise en partie par le Loto du patrimoine. "C’est important de les garder pour ne jamais revivre ce qui s’est passé pendant la Seconde Guerre mondiale. Sans mémoire, il n’y a pas d’histoire", souligne Nassim Lévy.
Un édifice délabré reconnu monument historique en 2009
Si la synagogue accueille quelques fidèles dans les années 1980, trop délabrée, elle ferme ses portes au public en 1995. En 2009, elle est reconnue monument historique. Une rénovation a lieu cinq ans plus tard, mais son état se dégrade et elle est envahie par les pigeons. Plus aucun office n’y a été célébré depuis des années en raison de la vétusté de l’édifice religieux.
En 1941, la synagogue d’Elbeuf est réquisitionnée et transformée en écurie. • © Solène Anson / France Télévisions
La synagogue présente des défauts d’étanchéité, ses chéneaux sont encombrés et défaillants, altérant les maçonneries extérieures, des planchers se sont effondrés en raison de nombreuses infiltrations d’eaux pluviales, un escalier est condamné, etc.
"Quand je suis entré dans cette synagogue pour la première fois en 2018, j’ai eu la chair de poule. Je me suis dit qu’il fallait réagir", se souvient Nassim Lévy. Des actions sont tentées, mais les années Covid mettent à mal les projets. Jusqu’à ce dépôt de dossier pour la Mission patrimoine 2023.
Des travaux estimés à 3,2 millions d’euros
L’association culturelle des amis de la synagogue d’Elbeuf, avec l’aide de l’architecte des monuments historiques Charlotte Hubert et de Jacques Klein, de la Maison sublime de Rouen, souhaitent que les travaux de restauration permettent la conservation de l’état de 1909 et respectent les dispositions du bâtiment au XXe siècle. "Un projet à 3, 2 millions d’euros", précise Pierre Loue, délégué départemental de Seine-Maritime de la Fondation du patrimoine.
"Nous avons sauvé les tables de la loi, pour qu’elles ne soient pas souillées", précise Nassim Lévy, président de l’association culturelle des
amis de la synagogue d’Elbeuf. • © Francis Meslet / Fondation du patrimoine
La Mission patrimoine, aidée de la Drac (direction régionale des affaires culturelles) de Normandie, devrait permettre de financer la première partie de cette rénovation qui porte sur les toits et les charpentes et dont le coût est estimé à 540 000 euros. "Pour le reste des travaux, le porteur de projet devra effectuer d’autres recherches de financement", explique Pierre Loue. Les phases suivantes porteront sur la restauration des façades, de la salle de prière, de la bimah (table de lecture), des escaliers, ou encore de l’appartement du rabbin. Les travaux devraient durer trois ans et se terminer en 2027.
Un lieu plus culturel que cultuel
L’idée n’est pas que cette synagogue redevienne un lieu de culte, la communauté juive d’Elbeuf étant désormais peu importante. Cette rénovation s’inscrit dans un projet plus large : faire de ce monument un lieu d’activités culturelles pour la population d’Elbeuf et un des points de passage des touristes en Normandie, avec la Maison sublime, les autres synagogues de la région et les plages du débarquement.
L’objectif est ainsi de créer un musée du judaïsme, un atelier de calligraphie juive et arabe, et des spectacles de musique et de danse judéo-arabes dans la synagogue. "L’idée est de raconter ce qu’a été le judaïsme à Elbeuf en partant de la famille Simon qui s’y est installée dans les années 1820. On pourrait exploiter les archives de La fabrique des savoirs d’Elbeuf, nous avons beaucoup d’éléments historiques concernant l’arrivée des juifs et des protestants alsaciens dans les années 1870", détaille Jacques Klein, historien de l’art et délégué de l’association la Maison sublime de Rouen. Une partie du musée sera aussi consacrée à la période de l’occupation, les juifs ayant été très touchés par la déportation en Normandie.
762 sites aidés depuis 2018
La Fondation du patrimoine annoncera la centaine d’autres sites (un par département et collectivité d’outre-mer) à la fin de l’été. Les tickets de loto seront en vente en septembre. Le montant des aides attribuées aux projets emblématiques sera, quant à lui, révélé lors des Journées européennes du patrimoine.
Depuis sa première édition en 2018, la Mission patrimoine a aidé 762 sites pour leurs travaux de restauration. En tout, 230 millions d’euros y ont été consacrés, dont 125 millions issus du Loto du patrimoine.
Les 18 sites emblématiques 2023 :
- Auvergne-Rhône-Alpes : Abbaye de Saint-Antoine à Saint-Antoine-l’Abbaye (Isère)
- Bourgogne-Franche-Comté : Ancienne cathédrale Saint-Vincent à Mâcon (Saône-et-Loire)
- Bretagne : Château de Montmuran aux Iffs (Ille-et-Vilaine)
- Centre-Val de Loire : Ateliers Lorin à Chartres (Eure-et-Loir)
- Corse : Maison de Colomba à Fozzano (Corse-du-Sud)
- Grand Est : Maison-atelier de potier Wingerter-Ruhlmann à Betschdorf (Bas-Rhin)
- Hauts-de-France : Chartreuse Notre-Dame-des-Prés à Neuville-sous-Montreuil (Pas-de-Calais)
- Ile-de-France : Site archéologique gallo-romain à Châteaubleau (Seine-et-Marne)
- Normandie : Synagogue d’Elbeuf (Seine-Maritime)
- Nouvelle-Aquitaine : Abbaye Saint-Jean à Sorde-l’Abbaye (Landes)
- Occitanie : Pont-aqueduc romain à Ansignan (Pyrénées-Orientales)
- Pays de la Loire : Moulin du Pavé dit « de Brissac » aux Garennes-sur-Loire (Maine-et-Loire)
- Provence-Alpes-Côte d’Azur : Institut de biologie marine Michel Pacha à La Seyne-sur-Mer (Var)
- Guadeloupe : Ancienne sucrerie de l’Habitation Belleville à Trois-Rivières
- Martinique : Hôtel de Ville à Saint-Esprit
- Guyane : Eglise Saint-Antoine-de-Padoue à Saül
- La Réunion : Ancienne chapelle Sainte-Jeanne-d’Arc à Saint-André
- Mayotte : Ancienne préfecture – Maison des Gouverneurs à Dzaoudzi